A toute heure du jour parcourant les Cévennes

Vous pouvez rencontrer escortées par un chien

Toutes de brun vêtues, légères, aériennes

Ces chèvres élancées qui trottinent si bien.

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Quand elles reviendront ces jeunes intrépides

Grasses, rassasiées, le poil ras et brillant,

Leurs mamelles gonflées seront déjà humides

D'un lait fort et bourru qui sent l'odeur du temps.

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Une main les traira au seuil de la nuit brune

Et un flot parfumé envahira le seau.

A l'heure où s'étendra la clareté de la lune

La bergère saura cailler ce lait nouveau.

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De sa louche en émail, cabossée, éternelle,

Elle pourra emplir de divine caillée

Avec leurs petits trous de blanches écuelles

Lesquelles finiront la besogne entamée.

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Au bout de quelques jours, là-haut dans la panière,

Sècheront au plafond sur la paille blondie

Des chefs d'œuvre  crémeux à la croute légère

Qui sentent le parfum de cet humble pays.

 

Vous les retrouverez odorants sur vos tables

Ces bons "fruits" du terroir entre landes et cols,

Ces pélardons fameux que la nature affable

A voulu nous donner du pays Cévenol.

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Simone Robert